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NICO SOKE

Bonjour à tous, je m’appelle Nico, je vis en France et pratique le Bujinkan Budo Taijutsu de Maître Masaaki HATSUMI. J’aime aller sur tous les sites et blogs intéressants pour y trouver des articles qui peuvent me faire comprendre et évoluer dans ma pratique. Plutôt que de garder toutes ces infos pour moi, j’ai ouvert ce blog qui recense tous les articles que j’ai trouvé pertinents (Ce n’est donc que de mon point de vue).

Pour toutes questions, vous pouvez me contacter : nicokosh@gmail.com

 

Hello, my name is Nico, I live in France and practice Master Masaaki Hatsumi’s Bujinkan Budo Taijutsu. I go to all sites and blogs to find interesting articles that can make me understand and grow in my practice. Rather than keep all this info for me, I opened this blog that lists all the relevant articles I found (It is only from my point of view).

For questions, please contact me: nicokosh@gmail.com

 

 

 

 

Nico

Gyokko ryu : Les principes

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Il est important de refaire les katas de la même façon qu’ils se transmettent de génération en génération. Mais lorsqu’on atteint un certain niveau, il faut penser autrement. Il faut voir ce que la technique peut nous enseigner et surtout il faut comprendre les rouages qui font fonctionner la technique.

Prenons un kata comme koku, un kata que tout le monde connaît bien dans le Bujinkan. On fait un bloc, on contre-attaque d’un shuto au bras, on se défend d’un coup de pied à l’aide de notre jambe et on termine d’un boshiken dans le dos de l’attaquant. Imiter la façon de faire du kata est facile. Un bon danseur qui n’aurait jamais fait d’arts martiaux peut le faire en quelques minutes. Mais limiter le kata à une simple chorégraphie nous empêche de voir la vraie beauté de cette technique.

On a tendance à oublier que le gyokko ryu repose sur trois principes importants. Le premier Fūsui 風水 utilise le kanji du vent et de l’eau. On peut interpréter cela comme étant l’alternance de ces deux éléments dans la technique. La maîtrise de ces deux éléments nous amène à pouvoir bouger librement dans l’espace de uke et dans l’espace qui se trouve autour des deux combattants. J’ai déjà vu ces kanjis traduits par psychologie environnementale, et j’avoue que j’aime cette explication même si les kanjis sont ceux du vent et de l’eau.

Le second principe est Jūryoku 重力 et peut se traduire par gravité où si vous préférez, par l’utilisation du poids du corps. Les Occidentaux ont souvent l’habitude de faire des arts martiaux avec le haut du corps alors que les Asiatiques utilisent leurs jambes. 

En troisième, nous retrouvons Jiryoku 磁力 qui se traduit par magnétisme. Cela implique probablement les différents jeux de tension entre les combattants et également dans la façon d’utiliser notre propre corps. Ce magnétisme nous permet d’être attirés ou repoussés afin d’utiliser la distance adéquate de notre adversaire lors d’un combat. Le jeu de tension nous permet de contrôler le corps de uke avec certains contacts à des endroits bien précis. Oguri sensei nous avait enseigné différentes manières de contrôler le corps entier de uke à l’aide d’un seul point de contact. En comprenant le jeu d’alignement des os, en maîtrisant un peu les jeux de tensions musculaires de uke, on peut arriver à le contrôler sans avoir à utiliser de force physique. 

Revenons à koku. Au moment où l’adversaire nous attaque, nous utilisons l’eau comme élément défensif. Nous absorbons l’attaque et l’avance de uke nous donne l’information sur la distance qu’il faut reculer pour absorber l’attaque de façon sécuritaire. À la façon d’un aimant qui nous repousse, notre corps doit réagir instinctivement sans passer par l’intellect. Nous enchaînons ensuite avec un shuto sur son bras. Si le shuto se donne en poussant le bras, uke aura tendance à donner un kick de la jambe gauche plutôt que de la droite comme le dicte le kata. Nous venons de perdre le contrôle de uke. Mais si nous donnons notre shuto un peu plus vers le bas, en utilisant tout le poids de notre corps vers le bas, uke s’inclinera vers l’avant et son réflexe sera de faire un pas chassé pour donner un kick de la droite. Ouf, nous revenons au kata du manuel.

Au moment où uke donne le kick, nous pivotons nos épaules en un mouvement circulaire, soit un mouvement vent pour rediriger uke afin qu’il nous présente son dos. Puis comme notre jambe doit se reposer au sol, nous utilisons la gravité pour avoir plus de puissance sur notre boshiken. Bien sûr, pour rediriger le kick de uke nous utilisons notre jambe gauche et non la droite comme on le voit souvent. Cela amplifie notre mouvement vent et nous donne plus de vitesse pour esquiver.

Bien sûr, avec ce simple kata je peux rajouter des couches basées sur les trois principes. Mais déjà, juste le fait de s’amuser à voir ces principes dans les techniques, cela nous apporte une vision différente des katas. En montant en grade, le pratiquant doit cesser de se contenter d’imiter la technique, il doit s’efforcer d’en voir les différents rouages et de voir comment il peut adapter ces concepts pour rendre le kata opérationnel en situation moderne réelle. S’amuser à refaire les katas du gyokko ryu en tenant compte de ces trois principes, c’est redécouvrir la richesse de ce style.

Bernard Grégoire

Daishihan Bujinkan Québec

Source : https://bujinkanquebec.wordpress.com/2022/06/29/gyokko-ryu-les-principes/

Kukan ce méconnu

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par bujinkanquebec

Le kukan de l’espace

Comme pratiquant du Bujinkan, le mot kukan nous est familier. Nous l’associons immédiatement au concept du vide. Notre premier réflexe est de penser en fonction de l’espace, de l’endroit où nous nous trouvons et l’espace dans lequel nous pouvons nous déplacer sécuritairement. Nous avons appris comment utiliser ces zones à notre avantage ou au contraire, comment amener l’adversaire dans des endroits qui lui seront défavorables. On peut penser que cette gestion de l’espace est le premier niveau du vide.

Le kukan de l’action

Le second niveau du kukan est probablement le vide qui existe dans l’action. Un adversaire donne un coup de poing, il ramène son bras en laissant un intervalle où non seulement il ne se passe rien, mais qui de plus le rend vulnérable. On doit apprendre dans un premier temps à être conscient de ces temps morts que nous laissons sans le savoir. Un bon combattant peut facilement tirer avantage de ces points morts. Que ce soit sur une attaque au poing, sur des coups de pieds ou simplement en se déplaçant, il faut apprendre à utiliser ces espaces vides et à y attirer l’adversaire. On doit le laisser s’engouffrer dans ce qu’il croira être des faiblesses, mais qui en réalité sont des pièges si l’on s’y prend de la bonne façon. Dans l’une des fois où je servais de Uke pour Soke, il m’avait dit d’essayer de l’atteindre. J’y ai mis de tout mon coeur et en le frappant je voyais bien qu’il y prenait un grand plaisir. Plus j’y mettais du coeur, plus ses yeux brillaient. Chaque fois que je voyais une faiblesse dans ses déplacements et que j’étais certain de l’atteindre, mon attaque se retournait contre moi. C’est moi qui devenais vulnérable, il jouait avec moi avec une facilité déconcertante. À trois ou quatre reprises, il m’avait laissé croire qu’il y avait une ouverture. Oui vous direz que c’est simplement du Kyojitsu, et j’en conviens, mais tout était dans la façon de créer ces fausses réalités.

Le kukan du mental

Dans un troisième niveau, je dirais qu’on doit apprendre à utiliser le vide de l’esprit. La façon la plus simple de comprendre ce principe se fait probablement par l’utilisation du sabre. Si le combattant est bon, la stratégie sera construite par l’inconscient. L’intellect n’aura que peu de mots à dire. Mais si le sabreur n’est que de niveau moyen, il élaborera de manière intellectuelle diverses stratégies basées sur les techniques qu’il a mémorisées. Son raisonnement ne se fera pas de façon fluide (nagare), mais en alignant l’une derrière l’autre, diverses stratégies qui lui viennent à l’esprit. Entre deux de ces stratégies, il y a aussi un Kukan. On peut voir cet effet d’utilisation de ce principe lorsque l’adversaire est en Daijodan, le sabre élevé au-dessus de sa tête et prêt à venir nous fendre en deux. Entre le moment où il attend et le moment où il décide d’attaquer, il y a un énorme vide que l’on peut exploiter. Prenons une position où l’on attend son attaque en gardant une position relaxe, notre lame pointée vers le bas. Au moment où il s’apprête à nous attaquer, juste le fait de relever un peu la pointe de notre sabre vers le haut et de changer légèrement l’angle de notre corps sera suffisant dans bien des cas à faire hésiter ou à arrêter l’attaque complètement. On s’est immiscé dans une zone où il y a du vide. Bien sûr, en relevant la pointe de notre sabre, il faut être prêt à bouger si l’attaque survient, mais si l’on démontre une grande confiance en soi, si l’on regarde l’adversaire dans les yeux de la bonne façon, ce Kukan du mental peut facilement perturber l’attaquant.

On pourrait travailler durant des mois toutes ces utilisations des kukans. Au retour de la pandémie, c’est d’ailleurs une de mes ambitions de faire monter d’un cran mes étudiants face à ces divers concepts. Concernant le mot kukan, il est composé de deux kanjis. Le premier kanji ku et qui se nomme également kara est traduit par le vide. Et Kan se traduit par intervalle, espace, durée. Il faut faire attention, car sur le web, on utilise souvent un autre kanji pour le second kan qui lui se traduit par loisirs, temps libres, tranquilité. À vous de décider quel kanji convient le mieux à vos besoins.

Kukan avec le kanji du vide

空閑 Kukan avec le kanji des loisirs, du temps libre, de la tranquillité

Bernard Grégoire

Dai Shihan Bujinkan Québec

Source : https://bujinkanquebec.wordpress.com/2021/03/19/kukan-ce-meconnu/

Ishiki wo nobasu

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par bujinkanquebec

Ishiki wo nobasu

Il y a quelques années, Hatsumi sensei a parlé de l’importance d’étendre sa conscience (Ishiki wo nobasu). Cela m’a fait réaliser que dans le budo, il y a plusieurs types de conscience. Essayons d’en voir quelques-uns.

À la base, l’une des plus importantes est probablement la conscience de sa propre capacité. S’autoévaluer est probablement la première étape à maîtriser. On doit prendre conscience de notre propre capacité. Bruce Lee était un surhomme et ce n’est pas tout le monde qui pourra travailler avec les mêmes techniques et être aussi efficace. Si l’on s’entraîne à reproduire les mêmes enchaînements que lui, il se peut que l’on n’obtienne pas les mêmes résultats. La plupart des pratiquants ne pourront jamais espérer atteindre sa vitesse. On doit apprendre à connaître nos forces et surtout nos faiblesses. Si l’on est lent, si l’on peine à juger les distances, si l’on surestime la puissance de nos frappes et que l’on n’est pas conscient de ces lacunes, on va au-devant de graves problèmes lors d’une confrontation. On doit apprendre à maîtriser notre égo qui peut nous amener à nous croire meilleur que nous le somme en réalité.

Toujours au niveau de base, la conscience de nos techniques est à travailler. Beaucoup de pratiquants d’arts martiaux ont une confiance aveugle dans leurs techniques. On leur a dit que les techniques qu’ils apprenaient étaient infaillibles et ils le croient. On n’a qu’à penser à des maîtres styles ki master ou des maîtres de tai-chi qui ont perdu lors de confrontation en voulant démontrer leur puissance. Un bon art martial tient compte du fait que si une technique ne fonctionne pas, on peut facilement changer de stratégie sans menacer notre intégrité. Peu d’arts martiaux offrent des techniques défensives comme nous le faisons si bien avec par exemple des ichimonji. Soyez conscient de posséder les outils nécessaires à un plan B. Si vous croyez que vos techniques sont imparables, c’est que vous avez peu de conscience à ce niveau. J’ai déjà rencontré des instructeurs de points de pression qui garantissaient des résultats de perte de conscience et qui n’ont jamais été capables de le faire sur moi. Si on se fie à une technique infaillible pour gagner son combat de rue, on peut avoir de mauvaise surprise. On doit être conscient des limites des techniques elles-mêmes.

À un niveau plus avancé, on trouve Kage nawa ou la conscience du lien qui nous unit à l’adversaire. Dès que l’on établit un contact avec l’attaquant, ne serait-ce que du bout des doigts, on doit tout connaître du positionnement que l’adversaire pourra adopter. On pourra sentir son intention d’attaquer, sentir ses points de déséquilibre, et même sentir à quel moment l’on pourra retourner son énergie contre lui. Ce type de conscience nous permet de voir toutes les zones de vide qu’il y a autour de l’adversaire. Si dans votre pratique martiale votre combat se résume à une suite de frappes et d’esquive, il vous manque ce fil conducteur qu’est Kage nawa. C’est par ce lien qu’on peut affronter un adversaire qui est meilleur que nous. Il faut prendre conscience du contrôle que l’on ait avec l’adversaire qu’il y a contact ou pas. On ne doit pas se limiter à un simple jeu d’action-réaction.

Beaucoup de gens combattent en se synchronisant au rythme de l’opposant. Lorsqu’Hatsumi sensei parle de Hyoushi, le rythme, ses déplacements sont minimalistes. Il n’y a pas de perte d’énergie et si l’adversaire est d’un style énergétique, il ne se laisse pas prendre au jeu. Il conserve son calme et même souvent, il donne l’impression de bouger encore plus lentement. Si un adversaire bouge rapidement à la façon d’un boxeur, la plupart des gens auront tendance à prendre le même tempo et même dans bien des cas, à sautiller de la même façon que lui. Il faut être conscient de ces rythmes et ne pas se laisser influencer par eux. Au contraire, on peut arriver à influencer l’adversaire en lui imposant nos propres rythmes.

La conscience du moment. Un bon art martialiste peut sentir le danger. Le sakki test qui consiste à éviter un sabre qui nous attaque par-derrière est un bon moyen de vérifier notre conscience du danger. J’ai parlé souvent de cette anecdote, mais je pense qu’elle illustre bien cette conscience. Il y a une vingtaine d’années au Japon, quelques jours avant le Daikomyosai, le dojo est bondé. Malgré le peu d’espace, nous pratiquons des techniques de bo. La plupart des gens travaillent lentement en faisant attention de ne pas accrocher les gens autour. Hatsumi sensei discutait avec un Japonais très âgé. Il tournait le dos aux étudiants. L’un des étudiants y était allé très fort avec le bâton et avait manqué son partenaire. Par contre, devant moi, je voyais le bo arrivé derrière la tête d’Hatsumi sensei. La collision était imminente. Soudain, Hatumi sensei se pencha rapidement vers l’avant laissant le bo rencontrer le vide. Il se releva, jeta un coup d’oeil en direction de l’étudiant maladroit et continua à discuter avec le vieux monsieur comme si de rien n’était.

Être conscient des mauvaises techniques. À l’occasion, sur le forum privé du dojo, je mets une vidéo montrant un professionnel enseignant des techniques d’autodéfense qui à première vue semble très performante. Puis, je décortique les techniques en expliquant les lacunes et les dangers que chacune d’elle représente. Souvent, les erreurs sont dissimulées par des mises en scène. L’auteur de la technique s’exprime bien, sa tenue de combat militaire lui donne un air de professionnalisme, ses partenaires semblent incapables de se défendre, bref, tout ce qu’il faut pour donner une allure professionnelle. Cette mise en scène empêche souvent de voir les défauts et lacunes de la technique. En décortiquant les techniques, plusieurs étudiants réalisent qu’ils avaient laissé passer plusieurs erreurs, des erreurs qui dans la réalité pourraient complètement changer l’issue du combat.

J’allais oublier une autre conscience importante, celle de l’environnement. Il ne faut pas être handicapé par le terrain où nous devons combattre. Au contraire, il faut apprendre à l’utiliser à son avantage. Se battre sur un plancher bien droit et devoir affronter des racines sur le sol sont deux réalités complètement différentes. 

J’ai fait un survol rapide de Ishiki car je suis sûr que l’on peut trouver beaucoup d’autre façon d’interpréter Ishiki. Ce petit mot est important. Si vous ne prenez pas le temps de faire un petit examen de conscience sur vos différentes facettes martiales, il vous manque quelque chose. Ne cessez jamais de vous poser des questions sur votre compétence, sur la logique des techniques et sur votre progression. Si vous avez le même niveau d’efficacité depuis quelques années et que cela n’a pas progressé, soyez en conscient et cherchez les lacunes qui vous font stagner.

Bernard Grégoire

Daishihan Bujinkan Québec

Source : https://bujinkanquebec.wordpress.com/2021/01/08/ishiki-wo-nobasu/